CHRONIQUE D’UNE CATASTROPHE NATURELLE EN 1776/ 1ère partie

Les registres de COGNIN LES GORGES (Isère) sur la période de 1763 à 1792 ont été tenu par un curé soucieux de laisser des traces de la vie locale ! J’avais déjà retranscrit UN BAPTEME PEU ORDINAIRE.

Dans ce même Registre Baptêmes-Mariages-Sépultures, collection communale 1763- 1792, voici maintenant la retranscription de la chronique d’une catastrophe naturelle, tenue par le Curé FAYS. Doué pour l’écriture !

Le 21 mai 1776, dans la marge du registre, entre un mariage et un baptême, la mention : Innondation.

POUR EN CONSERVER LA TERRIBLE PANIQUE

Ce même jour sur les sept heures du soir le ruisseau s’est débordé d’une manière terrible. J’en ai fait la description ailleurs pour en conserver la terrible panique. Voyez la fin.

A la fin des actes relatifs à l’année 1776, on trouve la description prévue par le curé FAYS :

La description que nous allons faire pour célébrer la justice de Dieu, la sainteté de ses jugements et pour rappeler un évènement terrible à la postérité crainte qu’elle ne perde le souvenir de l’époque.

La paroisse de Cognin en Dauphiné mandement (1)d’Izeron….diocèse de Grenoble, baillage de Saint Marcellin, est située entre une haute montagne et la rivière d’Isère dans une petite plaine d’environ un quart de lieu de large de la montagne à l’ouest et d’environ une lieue depuis la paroisse de St jean les Issards dit communément Izeron du couchant d’hyver jusqu’à la paroisse de Rovon du nord, la montagne du levant, partie midy et la Rivière d’izère du couchant d’été.

Entre cette montagne, et une autre ditte la montagne de Comtoie il y a un hameau autrefois de la paroisse de Cognin, aujourd’hui succursale ou il y a un …depuis 1672 ; Cet endroit est un vrai entonnoir par sa figure. La montagne divisée en deux, laisse un passage assez large où passe toutes les eaux allant à droit et à gauche du rocher d’une hauteur prodigieuse.

UN TORRENT QUI NE TARIT JAMAIS

C’est là où se forme un torrent qui ne tarit jamais, dont les eaux servent pour l’usage des habitans de Cognin, pour celui des moulins, et pour arroser les prairies ; mais torrent quelquefois si impetueux il lave les terres labourables du lieu de Malleval et se trouve quelquefois si épais et si large qu’il perd  sa couleur d’eau pour prendre celui de la terre qu’il moissonne et est alors d’une odeur insupportable. et si gros, se précipitant avec fureur, et avec des bruits effroyables par la roideur du terrain, il prit les obstacles qu’il rencontre qu’il se fait entendre des paroisses voisines,

Les ….  ….quelquefois deux ou trois fois l’an, dans les terres des grandes plaines ou la fonte des neiges, par les vens chauds et violens. Alors il bosse (2) tout ce qu’il rencontre, emporte les digues les plus fermes et remplit tous ses bords de graviers et de pierres c’est à dire les graviers qui sont autour ce qui donne des grands embarras à ceux à qui appartiennent les prairies pour deblayer les graviers et en faire les digues.

LE PLUS FORT DEBORDEMENT

Le plus fort débordement de mémoire d’homme fut celui de 1721 qui causa des grands dommages et emporta un …  qui était à l’entrée de la montagne. Mais celui qui est arrivé cette année 1776 le 21 mai les surpassa tous et causa un mal infini aux habitans par bonheur il est arrivé de jour à 4 heures du soir et personne n’a perie, et on a eu …de dommages des maisons.

ON ENTENDIT LES TONNERRES EFFROYABLES

Sur les quatre heures du soir la montagne se couvrit d’un nuage épais et très noir dans le momens on vit paraitre des éclairs et on entendit les tonnerres effroyables du millieu de la ..rivière qui se dessablaient à tous momens, un vent impétueux qui n’avait aucune direction particulière, ou plutôt les quatre vents se déchaînèrent, une grosse grelle, et une pluie affreuse en fournit les effets terribles.

LE TORRENT SE DEBORDA

Le torrent se déborda (3) tout à coup et d’une façon à épouvanter tout le monde, il eut bientôt comblé son lit ordinaire par les pierres et le gravier, et la terre qu’il entrainait, il s’éleva jusqu’à douze ou quinze pies, et se répandit de tous côtés avec la même impétuosité, ravageant toutes les prairies, entraina le gason et la  terre, creusa profond du côté des maisons, et ne laissa que les pierres toutes nettes. Depuis sa sortie de la montagne jusqu’à l’izére, tout fut renversé et les arbres arrachés. Ainsi toute l’espérance de nourrir les animaux fut perdue pour toujours sans des réparations qui couteront trois fois autant que les prairies ne valent.

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Légendes (sources Littré)

(1)   Écrit qu’un évêque fait publier dans l’étendue de son diocèse, et par lequel il donne aux fidèles des instructions ou des ordres relatifs à la religion

(2)   bosser Se charger de boue ou bosser Terme de marine. Retenir avec des bosses.

(3)   Se déborder, v. réfl. Monter au-dessus de ses bords.

2 commentaires sur “CHRONIQUE D’UNE CATASTROPHE NATURELLE EN 1776/ 1ère partie”

  1. free2operate dit :

    Bonjour et bravo pour votre demarche
    comment vous contacter ?
    je n’ai pas trouvé d’email sur le site
    merci

  2. admin dit :

    Merci !
    Mon adresse mail : familypuzzle@free.fr

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