LA TRANSMISSION : UN BESOIN ACTUEL, UN SOUHAIT TRANSGENERATIONNEL

En écho aux nombreux articles parus sur la place que prend Internet dans l’évolution de la généalogie, je vous propose d’examiner la place de la transmission aujourd’hui.

L’article « GENERATION TRANSMISSION » de Géraldine BERNARD paru dans le dernier numéro de Marketing Magazine montre combien la transmission est inscrite en nous et quelles formes elle adopte aujourd’hui.

Laisser une trace est un besoin plus présent que jamais…

« ce qui différencie les sociétés humaines des sociétés animales, c’est la transmission » nous dit Robert Rochefort, sociologue et économiste. L’échange et le partage entre individus ou entre générations témoignent de la volonté de marquer l’histoire. La nécessité de créer du lien et de diffuser son vécu ont toujours compté, mais aujourd’hui l’envie de transmettre est plus forte que jamais.

Comment le comprendre ? Les institutions actives en matière de communication des connaissances ont perdu de leur puissance. Elles apparaissent figées au regard des logiques individuelles. Ce qui est vrai au niveau collectif, l’est aussi au niveau individuel : pas de croyance partagée de père en fils. L’individualisme se trouve renforcé par la plus grande liberté de mœurs. D’où un besoin de construire de nouveaux liens, de fabriquer de nouveaux ancrages. Les possibilités de transmission s’en trouvent décuplées.

… une manière d’exister et de la révéler.

La société s’appuie beaucoup plus qu’avant sur les acquis et les pratiques des individus.

« il n’y a plus de valeur générale, la transmission existe au travers de l’expérience de chacun » d’après Philippe Jeammet, psychiatre.  D’où l’émergence du phénomène des blogs personnels afin de retracer son vécu.

Davantage de subjectivité

Raconter et se raconter sont devenues  des activités prenantes et largement plébiscitées. Pour exemple, le site du magazine allemand Eines Tages « Un de ces jours » dont l’objectif est de  constituer une mémoire collective nationale à l’aide de témoignages individuels (photos, vidéos, écrits…)  a reçu plus de 8000 témoignages.

Une aspiration transgénérationnelle

Le premier enseignement de l’étude est que la transmission est une préoccupation centrale aujourd’hui.

59 % des personnes sondées déclarent qu’il est «très important» pour elles de «transmettre une trace à leurs proches». Et 32 % reconnaissent que c’est «assez important».

La place de la famille

Donner à la prochaine génération une direction, des principes pour le futur, est plébiscité par la très grande majorité. Viennent ensuite les éléments biographiques (69 %) ou les photos ou enregistrements (60 %).

D’autre part, sont attendues des parents une éducation (68 %), des informations sur l’histoire familiale (64 %), des valeurs (62 %), et des grands-parents des notions de leur histoire et les supports qui en témoignent.

Enfin, le patrimoine prend une place particulière : faute de pouvoir transmettre un savoir faire qui assure l’indépendance financière de père en fils, le matériel prend une place croissante dans les éléments à laisser à ses descendants.

«  le champs de ce qui est à transmettre n’a jamais été aussi vaste ».

« la transmission fait vivre et avancer les sociétés humaines, elle organise aussi la vie en société » commente Robert Rochefort.

Côté immatériel

L’universalité ne fait plus recette, une place de choix est faite aux visions individualistes. La démarche de transmission s’enrichit au fil du temps et la famille a une place de choix dans cette logique.

Les moyens de poursuivre ce but sont renouvelés : internet a bouleversé la donne et instaure une nouvelle logique du partage. Les possibilités de conservation sont décuplées.

On voit apparaitre de nouveaux « espaces de conservation » notamment Memory Life proposé par Orange : un espace pour déposer images, sons, vidéos, e-mails, SMS… cet espace s’adresse aux plus de 30 ans qui commencent à regarder en arrière « les utilisateurs ne construisent pas cela pour eux. A moyen terme, ils souhaitent partager leur boîte à souvenirs » nous apprend Fabien Voyer chef de projet chez Orange.

« la transmission est une façon d’espérer survivre après sa mort » commente Robert Rochefort.

Jamais uniforme

La transmission passe par un lien interpersonnel. Elle ne se standardise pas.

Au final, la transmission transforme la personne qui donne et celle qui reçoit. Ce qui est pris est tout à fait différent de ce qui est donné.

« Elle correspond à un processus de modification de deux acteurs » précise Robert Rochefort.

Méthodologie

Enquête réalisée par Ipsos Marketing pour Marketing Magazine, auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes âgées de 15 ans et plus, en janvier 2010 par Rémy OUDGHIRI, Directeur du Département Tendances et Prospective IPSOS MARKETING

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