CHRONIQUE D’UNE CATASTROPHE NATURELLE EN 1776/ 2ème partie
Vous avez aimé les descriptions imagées du curé FAYS ? Découvrez les conséquences de cette inondation :
LE PLUS FORT DEBORDEMENT
Le plus fort débordement de mémoire d’homme fut celui de 1721 qui causa des grands dommages et emporta un … qui était à l’entrée de la montagne. Mais celui qui est arrivé cette année 1776 le 21 mai les surpassa tous et causa un mal infini aux habitans par bonheur il est arrivé de jour à 4 heures du soir et personne n’a perie, et on a eu …de dommages des maisons.
ON ENTENDIT LES TONNERRES EFFROYABLES
Sur les quatre heures du soir la montagne se couvrit d’un nuage épais et très noir dans le momens on vit paraitre des éclairs et on entendit les tonnerres effroyables du millieu de la ..rivière qui se dessablaient à tous momens, un vent impétueux qui n’avait aucune direction particulière, ou plutôt les quatre vents se déchaînèrent, une grosse grelle, et une pluie affreuse en fournit les effets terribles.
LE TORRENT SE DEBORDA
Le torrent se déborda (3) tout à coup et d’une façon à épouvanter tout le monde, il eut bientôt comblé son lit ordinaire par les pierres et le gravier, et la terre qu’il entrainait, il s’éleva jusqu’à douze ou quinze pies, et se répandit de tous côtés avec la même impétuosité, ravageant toutes les prairies, entraina le gason et la terre, creusa profond du côté des maisons, et ne laissa que les pierres toutes nettes. Depuis sa sortie de la montagne jusqu’à l’izére, tout fut renversé et les arbres arrachés. Ainsi toute l’espérance de nourrir les animaux fut perdue pour toujours sans des réparations qui couteront trois fois autant que les prairies ne valent.
SUR LE BORD DU PRECIPICE
Ce n’est pas là tout le mal : en se débordant il coula rapidement et avec fureur contre le terrain voisin, chevaucha au loin de ses bords ou … , il fit tomber trois maisons et mit les autres sur le bord du précipice de quinze à vingt pies… .(4) parce qu’il prit sa direction du côté du village et ensuite tourna de l’autre côté et emporta un terrain considérable du domaine de la Tour et y causa une profondeur de plus de quarante pies, il a vingt de celui de la maison, les jardins des particuliers qui étaient au dessous de leurs maisons ont également peris, les muriers, les noyers et les autres arbres n’ont pu résister à la rapidité de l’eau : tout a été généralement emporté.
ON NE POURRA PLUS AVOIR DE BLE
Quoique toutes ces pertes soient irréparables, ce n’est cependant là que instanum dolorum. Les restes des prairies ne sont plus arrosées, les moulins de long tems ne pourront fournir de la farine ; on ne pourra plus avoir de blé pour faire du pain, le peuple ne pourra se chauffer ni faire son petit ménage, parce qu’on ne pourra plus avoir du bois. C’est dans cette montagne ou passe ce torrent que se trouve les bois communaux, parce qu’il en a rompu les chemins qui ne seront plus praticables de long tems sans beaucoup de paines, de travaux et de dépenses.
SANS ESPERANCE DE RECOLTE
Ce foudre d’ …an et de grêle n’a pas généralement endommagé toute la paroissse, ne s’étant pas trop écarté de la montagne, mais toutes les maisons qui sont au bas ont été les unes par les pierres et les autres inondées. les champs et les prés aboutissant à toute l’étendue de la montagne ont été couverts ou de limon ou de pierres, ou de gravier, ce qui exige des réparations immenses et ruine les particuliers qui ont généralement tout perdu par le grand volume d’eau et par la rapidité une partie des terres ensemancées ou de blé ou de légumes ou de chanvre a été ensevelie sous le poid du limon qui les couvre sans espérance de récolte, partout il s’est fait des ravins, et partout le long de la montagne on s’est ressenti de ce fléau.
La chronique ne s’arrête pas là. Le curé FAYS est un homme plein de ressources. Une pareille description est motivée par le devoir de mémoire, mais pas seulement. Pour connaître la suite, cliquez là.
Légende (source Littré)
(3) Se déborder, v. réfl. Monter au-dessus de ses bords.
(4) Pied : 30 centimètres. 20 pieds = 6 mètres.