LES BONNEVILLE/Episode 2 : LE FIL DE NOTRE HISTOIRE

LE COMMERCE EN VERMANDOIS : LE TISSAGE

La première industrie de la région Saint- Quentinoise était le tissage de la laine.Au XIIe siècle, on y trouve des manufactures de drap et de toile dénommée ‘Sayetterie’. Les premiers se tissaient alors en ville et les secondes à la campagne par des travailleurs isolés. Les tisserands échangeaient leur production à des commerçants passagers qui l’emportaient aux foires. Au XIIIe siècle, le commerce s’étend : 24 villes de Picardie constituent la ‘Hanse de Londres’ pour fournir à l’Angleterre les étoffes de laine qui lui manquent.
Crommelin apporte avec lui l’industrie des toiles fines et claires en lin : les linons. Aussitôt installé, il propage la culture du lin et fait monter dans tout le Vermandois des métiers pour tisser cette matière. Dès lors une nouvelle industrie est née. Elle va occuper et faire vivre les populations pendant plusieurs siècles, pratiquement jusqu’à nos jours.
Comme le développement de l’industrie est étroitement lié au développement du Commerce, le Vermandois tisse alors jusqu’au plus profond de ses campagnes la sayette, variété plus ou moins forte de laine pure ou mélangée, destinée à l’habillement des artisans et des ouvriers. On la tissera jusqu’au milieu du XVIe siècle.Mais Saint-Quentin est assiégée et mise à sac par les Espagnols : tout est brûlé, pillé, les habitants s’enfuient. L’industrie de la sayette cesse.
L’année 1557 amorce un changement d’orientation dans l’industrie locale. Le traité du Cateau-Cambrésis éloigne les troupes du roi d’Espagne vers les Pays-Bas et ramène les habitants qui ont échappé au massacre. Le Vermandois renaît lentement de ses cendres quand en 1570, un dénommé Crommelin arrive à Saint-Quentin. Chassé par les persécutions religieuses de Philippe II, il fait partie des millions de protestants qui émigrent de Flandres emportant avec eux les secrets qui ont amené la richesse des Pays-Bas. Ces émigrés représentent un potentiel d’idées et une main-d’œuvre hautement qualifiée qui va s’installer en partie dans cette région.
(sources :  Agnès Guzzi d’après Fresnoy et son histoire d’Yves Flamant)

UNE MAIN D’OEUVRE HAUTEMENT QUALIFIEE : LES « MULQUINIERS » VA AINSI SE FORMER

Pendant un siècle, les BONNEVILLE seront mulquiniers de père en fils, quelles que soient les branches de la famille. Notamment 3 des fils de Jérome né en 1694 qui voit 2 régimes se succéder : d’abord celui de Louis d’Orléans en 1715, régent, puis celui de Louis XV en 1722 :

  • André Jérome né en 1722, Jérome son fils, né en 1739, puis ses fils Jean Louis né en 1783 et Joseph Aimable né en 1785
  • Pierre François né en 1722
  • Louis né en 1726
  • Qu’est-ce que le métier de mulquinier ?

    Un mulquinier est un ouvrier tisserand fabriquant des étoffes de batiste et linon. Et aussi celui qui s’occupe des préparations et du commerce des plus beaux fils, particulièrement de ceux qui sont propres pour la fabrication des dentelles.
    Le métier à tisser était installé dans la cave, car le fil avait besoin d’humidité. Ces artisans ruraux  passait entre 10 a 14 heures par jour a pousser la navette de leur outil de travail. Les petites pièces mouchoirs, torchons étaient souvent le travail des enfants et des femmes, la fabrication des draps ,linons, baptiste , plus pénible étaient  réservé aux hommes. (source : htmhttp://pagesperso-orange.fr/geneadavoine/les_mulquiniers.htm)
    Pour la plupart, hommes et femmes de cette région la technique du fil est leur métier. Ainsi on trouve trace de Marie Barbe CAUDRON (1791), fille de Marguerite Louise qui est dévideuse. Elle  travaille les filasses de lin avec un rouet de manière à en produire des fils qui sont ensuite mis en pelote.

    Prenons l’exemple de Jêrosme né en 1739.

    Les actes de naissance et de mariage de ses enfants ont permis de reconstituer son parcours professionnel : d’abord mulquinier comme son père, il sera ensuite milicien en 1769, ce qui est l’équivalent du service militaire qui à l’époque dure 6 ans et dont le recrutement se fait par tirage au sort). Ensuite, il exerce le métier de marchand de toile en 1783, et enfin laboureur en 1791. Il décédera en 1797.

    Le changement de métier indique soit :

    • qu’il était très inconstant
    • que le contexte économique évolue sans cesse, et qu’il s’était adapté
    • que le métier de mulquinier nécessitait des qualités physiques que l’on ne gardait pas toute sa vie, et qu’à un certain âge, on ne pouvait plus l’exercer. Son père, André Jérome, avait exercé outre le métier de mulquinier, celui de garde chasse.

    En 1734, l’industrie des linons décline. On reprend la fabrication de cette étoffe à Saint-Quentin en 1765. La production fit tout de suite fureur et tout particulièrement dans les colonies espagnoles Depuis longtemps on fabriquait dans le Vermandois des tissus de soie, de grosses qualités et d’une consommation restreinte, qui servaient particulièrement à faire des tamis et à passer des liqueurs mais ce ne fut qu’en 1762 que le tissage des gazes et des mousselines de soie pour robes, fut introduit La fabrication des étoffes légères, tissées avec de la soie et de la laine venait donc de s’implanter dans le Vermandois, elle fit rapidement la richesse de plusieurs villages : Bohain, Fresnoy-le-Grand, Etaves, Seboncourt. (Source : Agnès Guzzi d’après Fresnoy et son histoire, Yves Flamant, 1984 genealogie de l’aisne)

    Le commerce évolue, les métiers aussi. A la fin du XVIIIème siècle, Charles François, notre ascendant, né en 1769 est marchand de linon, commerce importé par CROMMELLIN deux siècles auparavant.

    L’AUTRE ACTIVITE DE BRANCOURT : L’AGRICULTURE

    L’agriculture était depuis des siècles une des sources principales de subsistance, sinon la prncipale.
    Il n’est donc pas étonnant de trouver, parmi les BONNEVILLE, des laboureurs comme Louis et son fils, né en 1732, mais également une cultivatrice comme Marie Catherine Alexandrine, née en 1790 et qui se mariera avec Chrisostome Sincère MERELLE, lui même cultivateur. Au sein de la même lignée, nous trouvons donc des mulquiniers – ce métier s’avère parfois plus lucratif que l’agriculture- mais aussi des propriétaires : c’est le cas d’André Jérome Thomas, né en 1778. L’héritage a-t-il fondu ? Son fils André Jérome Parfait, né en 1799, sera cultivateur. Un des frères d’André Jérome Thomas sera également agriculteur : Jean François né en 1777.

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