L’EVOLUTION DES ACTES DE MARIAGE – 1 -

Je vous propose une histoire des actes de mariage illustrée par l’exemple, à partir des actes de mariage de notre famille.

De tous les actes, les actes de mariage sont ceux qui nous donnent le plus d’informations pour avancer sur la piste généalogique.

1780 : PREMIER ACTE DE MARIAGE RETROUVE

C’est avec l’Acte de mariage de Jean Martial ABBE et de Suzanne Rose BAUDOU le 5 juillet 1780 (sources : Archives Départementales du Var), ascendants à la 8ème génération par rapport à la mienne, que peut commencer cette petite histoire du mariage reconstituée à partir des actes de mariage de notre famille.

Dès cette époque, voyons toutes les informations qu’il contient :

  • Lieu, date et heure du mariage
    « l’an mil sept cent quatre vingt, et le cinq juin »
  • Département de la Commune : le Var
  • La commune : Le Muy
  • La publication des bans : 3 dimanches consécutifs à la paroisse sans opposition
    « …publication faite pendant 3 dimanches consécutifs à la porte de la paroisse sans opposition… »
  • les nom, prénom, âge, lieu de naissance (c’est-à-dire rattachement à une paroisse puisqu’à l’époque c’est l’Eglise qui tient les registres) de l’époux et de l’épouse
  • La filiation : nom, prénom des parents
    « …Jean Martial ABBE fils de feu Jean ABBE et de Rose PELASSI, vingt et un ans de la Paroisse de Pujet et de Suzanne BAUDOU, fille de feu Anselme et de feue Anne CHAILLOU, vingt quatre ans de cette paroisse »
    et les justificatifs :
    « ..  vu l’extrait baptistaire de Jean Martial ABBE et l’extrait … de Jean ABBE auprès de la dite paroisse du Pujet …»
  • L’échange mutuel du consentement :
    « …Benediction nuptiale par l’Eglise selon le Rituel romain et les ordonnances du Roy…. »
    Le rituel romain est un livre liturgique du rite romain regroupant la liturgie d’un certain nombre de cérémonies catholiques. On y trouve principalement les cérémonies de sacrements, dont celui du mariage.
  • Les témoins : nom, prénom, profession des témoins
    Le marié Jean Martial est cultivateur.
    « Jean GIRAUD, négociant, Jean Joseph OCHOSE  négociant, Jean Baptiste THOMAS… »
    Jean GIRAUD est le parrain de Suzanne BAUDOU, l’épouse. Comme il est stipulé sur l’acte, les témoins sont souvent les plus proches parents. Ils sont aussi des indicateurs du milieu social des mariés.
  • En fonction de l’âge, mention de la notion de mineur ou majeur, et de tutelle si mineur.

    A cette époque et jusqu’en 1792 la majorité est  30 ans pour les hommes et 25 ans pour les femmes.

L’ordonnance de 1579 stipule que les futurs mariés doivent obtenir le consentement de leurs parents (ou tuteurs) sous peine de se voir déshériter

De  la même époque, nous trouvons la mention suivante dans l’acte de Mariage de Marie Magdeleine RAYMOND et de Nicolas DUFOUR, berger, le 12 janvier 1779 à SAINT QUENTIN EN TOURMONT (sources : Archives Départementales de la Somme). Génération 7.

«le contractant a été assisté de Louis Dufour, son frère, et de Nicolas Hibon, fermier propriétaire à la Hepnoy, son maitre »
Cette formulation de maître était-elle commune ? Etait-ce un choix ou une coutume, une obligation d’avoir comme témoin son « employeur » à cette époque ?

Que ce soit pour l’époux ou pour l’épouse, les témoins choisis sont toujours des hommes. Il semble bien que les femmes n’aient pas le même statut que les hommes et ne puissent figurer au même titre en tant que témoins ….

  • la signature 
    «  qui ont signé avec nous, exceptés les contractants qui ont déclaré ne savoir écrire ni signer »

    Le frère de l’époux, Louis, signe maladroitement. Il n’est pas fait mention de sa profession. Etait-il important d’avoir des témoins qui savaient signer, à défaut de savoir signer soi-même ?

DES ACTES RELIGIEUX AUX ACTES CIVILS: C’EST LA REVOLUTION !

Eh oui, c’est pendant la Révolution qu’une  célébration civile à la mairie est venue s’ajouter à la cérémonie  religieuse ; à cette période, les deux formes coexistent.
Avec la mise en place du code civil de 1804
le mariage devient un acte laïcisé.  Le mariage religieux devient facultatif. 

1809 UN EXEMPLE DE TUTELLE

Mariage de Joseph ABBO & Anne-Maxime MICHEL le 26 avril 1809 au Puget sur Argens (83) Génération 7 (sources : Archives Départementales du Var)

Lorsque les parents sont décédés, les grands parents sont les représentants, mais dans le cas ci-dessous, le principe se complique,  car étant eux-mêmes âges, ils sont aussi représentés :
« Consentement d’Anne Cauvier, aillieule de la dite Anne Maxime MICHEL, représentée en raison de son grand âge par le sieur Louis AUDIER, boulanger de cette commune, par l’acte de procuration passé devant sieur GANDOLPHE notaire à BAGNOLS en date du 6 avril courant »

L’intérêt, grâce à cette tutelle, est d’apprendre par le même acte le nom de la grand-mère….

1816 AMBIANCE REVOLUTIONNAIRE

Mariage Bernard CASTAGNE & de Suzanne LAUGIER à FREJUS le 29 avril 1816 – génération 7 -

«  ainsi que du chapitre 6 du titre 5 de la loi du 25 ventôse an II sur le mariage, concernant les Droits et les devoirs respectifs des époux »
Nous voyons là l’influence des années révolutionnaires : nous sommes le  15 mars 1794

1817 L’ACTE DE MARIAGE SELON L’ETAT CIVIL

ACTE DE MARIAGE

Departement de

Arrondissement de

Mairie de

Acte de Mariage de

Nom Prénom de l’Epoux (dans la marge du registre)

Du ….. jour du mois de ….. an mil huit cent dix sept  à heures du soir,

ACTE DE MARIAGE de

âgé de … ans, né à …. Département de ……. le …. Du mois de…. An … ainsi qu’il résulte de l’extrait en forme de son acte de naissance qu’il nous à exhibé : profession de … demeurant à … Département de ….

Fils … de  …             , demeurant à … Département …… et de …. (mère)

Et de  (future)

Agée de …. Ans, née à ….  , département de ……., le …. Du mois de…. An … ainsi qu’il résulte de l’extrait en forme de son acte de naissance qu’il nous à exhibé : profession de … demeurant à … Département de ….

Les actes préliminaires sont extraits des registres des publications de mariage faits devant la principale porte de notre maison commune ; la première publication le … du mois de ….an….à l’heure de ….. ; la seconde publication le … du mois de ….an….à l’heure de …..

Aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée, nous officier de l’état civil, faisant droit à leur réquisition après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du Chapitre 6 du titre du code civil intitulé du Mariage, avons demandé au futur et à la future épouse s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux ayant répondu séparement et affirmativement, déclarons au nom de la Loi que …. et …..    sont unis par le mariage ; de quoi avons dressé acte.

En présence de ….. demeurant à …… , département de ……, profession de ….., âgé de …..

De ….. demeurant à …… , département de ……, profession de ….., âgé de …..

de ….. demeurant à …… , département de ……, profession de ….., âgé de …..

de ….. demeurant à …… , département de ……, profession de ….., âgé de …..

Lesquels après qu’il leur en a été aussi donné lecture, l’ont signé avec nous et les parties contractantes

Sur cette transcription d’un acte de mariage, nous retrouvons toutes les informations déjà présentes dans les formes d’actes de mariage précédents :

  • nom, date de naissance, profession, lieu de vie du marié, de sa future épouse,
  • toujours la filiation : fils majeur et légitime (il s’agit de prouver sa filiation car beaucoup  d’enfants sont « naturels » c’est-à-dire pas reconnus par leur père, donc n’ayant pas droit à héritage,
  • nom, et domicile des parents du marié (s’ils ne sont plus en vie, moins de détails, juste le lieu où ils ont vécu). mais signalons que l équivalent n’est pas toujours présent pour les parents de la mariée,
  • les mariés fournissent les actes de naissance : justificatifs
  • nom, âge, profession et domicile pour les témoins.
  • Publication des bans :

« Les actes préliminaires sont extraits des registres des publications de mariage faites devant la principale porte de notre maison commune, faits à une semaine d’intervalle »

De 3 publications lors de la tenue des registres par l’Eglise, nous sommes maintenant à 2  publications.
Mention de l’opposition ou non,

  • Consentement mutuel

«  avons demandé au futur et à la future épouse s’ils veulent se prendre pour mari et pour  femme, chacun d’eux ayant répondu séparement et affirmativement »

Vous voulez connaitre la suite ? Rendez-vous à la partie 2.

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